En Juin 2025, Patrick Michel, astrophysicien et planétologue CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur, a été élu membre à l’Académie Internationale d’Astronautique.
Patrick Michel, directeur de recherche Classe Exceptionnelle au CNRS au laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur/Université Côte d’Azur, a été élu Membre de l’Académie Internationale d’Astronautique (IAA en anglais). Cette distinction prestigieuse vient reconnaître son engagement dans le domaine de l’astronautique et des sciences planétaires ainsi que ses responsabilités dans les missions spatiales.
En particulier, Patrick Michel a la responsabilité scientifique de la mission spatiale de défense planétaire Hera de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), qui contribue au premier test de déviation d’astéroïde avec la mission DART de la NASA et la co-responsabilité de la mission RAMSES de l’ESA, dont l’objectif est de rendre visite en 2029 à l’astéroïde Apophis et dont l’approbation formelle par les Etats Membres de l’ESA est attendue en Novembre 2025 pour un lancement en 2028. Il est aussi responsable scientifique français de l’astromobile IDEFIX, développé par le CNES et le DLR Allemand, qui sera déployé sur Phobos, la plus grosse lune de Mars, par la mission japonaise MMX de la JAXA dont le lancement est prévu en Octobre 2026. Son élection à l’Académie Internationale d’Astronautique souligne l’importance de ses contributions à la recherche spatiale et à la coopération internationale, et renforce la visibilité de la communauté scientifique française dédiée à la défense planétaire sur la scène mondiale.
L’Académie Internationale d’Astronautique a été fondée par Theodore von Kármán en 1960. Elle s’emploie à favoriser la coopération internationale, le partage des connaissances, l’innovation et la sensibilisation éducative afin de soutenir l’utilisation pacifique et durable de l’espace au bénéfice de toute l’humanité. Elle s’emploie aussi à reconnaître les personnalités qui se sont distinguées dans une branche connexe de la science ou de la technologie. Elle travaille en étroite collaboration avec la Fédération internationale d'astronautique et les agences spatiales nationales et internationales. Elle publie la revue Acta Astronautica.
Grâce au développement de l'instrumentation dans l'infrarouge, les centres des galaxies peuvent être étudiés dans les moindres détails. Ce n'est que récemment que les disques stellaires nucléaires sont devenus une composante importante du centre des galaxies. Les disques stellaires nucléaires sont des structures stellaires en rotation et aplaties que l'on trouve dans les régions centrales de toutes les galaxies (précoce et tardif), y compris la Voie lactée.
Avec l'avènement des futures installations qui fourniront une richesse de données d'une qualité sans précédent, il est nécessaire de résumer l'état de l'art et de rassembler les réflexions et les découvertes de la communauté sur le sujet dans Astronomy&Astrophysics Annual Review , dans le but d'encourager les progrès futurs. Ce papier de revue est destiné à un large public. Aux experts, il fournit une perspective globale, associant la Voie Lactée et les galaxies extérieures, l'observation et la théorie. Aux débutants, il donne un point de départ et une liste de questions ouvertes clés qui, selon nous, mériteront d'être examinées dans les dix à vingt prochaines années.
Figure : Les disques stellaires nucléaires peuvent être identifiés dans les galaxies externes à partir de la photométrie (panneaux de gauche et du milieu) ou de la cinématique stellaire (panneau de droite). Le panneau de gauche montre une image S4G 3,6μm de la galaxie barrée NGC 1433. La barre est visible presque horizontalement sur cette image. Le disque nucléaire se détache près du centre (Schultheis, Sormani, Gadotti, ARA&A in press).
Schultheis M., Sormani, M. Gadotti, D., « Nuclear stellar discs », ARA&A » in press.
" Les échos du cosmos : 10 ans d’ondes gravitationnelles "
En septembre 2015, l’humanité a entendu pour la première fois un murmure de l’univers : les ondes gravitationnelles. Ces vibrations de l’espace-temps, issues de la collision de deux trous noirs géants, ont marqué la naissance d’une nouvelle ère en astronomie. Dix ans plus tard, elles continuent de nous révéler l’invisible et d’élargir notre regard sur le cosmos. Venez revivre ce moment fondateur et découvrez comment cette révolution scientifique bouleverse notre manière de comprendre le cosmos.
Conférence grand public
Intervenant.e.s :
Jeudi 9 octobre 2025 - 18h30 à 20h00
Europlanet vient d’annoncer les lauréats de ses toutes premières médailles de carrière, qui distinguent les contributions exceptionnelles des planétologues à différents stades de leur parcours scientifique. Benoit Carry, astronome adjoint au Laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA), reçoit la Médaille Europlanet « milieu de carrière » pour ses recherches sur la caractérisation des structures internes et des compositions des astéroïdes et des petits corps planétaires.
Le satellite altimétrique SWOT (Surface Water and Ocean Topography), intégré à Cannes au sein de l’entreprise Thalès Alenia Space (figure 1), a entamé sa troisième année d'exploitation avec une moisson de nouvelles découvertes. Deux ans après la première capture en deux dimensions d'un tsunami dans le sud-ouest de l'océan Pacifique (Faugère et al., 2024), les membres d'une équipe scientifique internationale composée de SRP (Universidad de Chile), CNES/CLS, UniCA/Observatoire de la Côte d’Azur/CNRS/IRD/Géoazur, CEA (France) et GNS Science (Nouvelle-Zélande) ont imagé de nouvelles vagues de tsunami dans l'océan Atlantique Sud le 2 mai 2025, en combinant la résolution et la précision sans précédent de l'instrument KaRIn et des simulations de tsunami (voir figures 2 et 3). La mesure de la topographie de la surface de la mer par satellite et la simulation du tsunami à 17:51:29 UTC (voir la vidéo) montrent des formes de vagues et des fronts d'ondes rectilignes de quelques centimètres seulement et d’une incroyable similarité. Ce tsunami a été déclenché environ 5 heures plus tôt au large de la partie la plus méridionale de la Patagonie chilienne par un rare séisme d'une magnitude de moment estimée à Mw7,4. En raison de l'incertitude sur la source, de l'absence de mesures in-situ du niveau de l’océan (assurées dans certaines regions par le système DART) et pour prévenir un impact potentiellement grave sur les populations côtières, le service hydrographique de la marine chilienne a émis un avis d'évacuation dans le sud du Chili et l'Antarctique, puis a annulé l’alerte quelques heures plus tard.
Le séisme a eu lieu à une centaine de kilomètres au sud du mythique Cape Horn, dans le détroit de Drake. Dans cette partie reculée du globe bien connue des navigateurs, les mesures sismologiques et de tsunamis in situ restent extrêmement rares. En analysant le nouveau jeu de données du satellite SWOT, les scientifiques spécialistes des tsunamis espèrent décrypter les processus complexes qui ont déclenché le tsunami. SWOT pourrait même aider à mieux comprendre les particularités tectoniques d'une zone mal connue, située à la jonction de la plaque Antarctique-Scotia et de la zone de fracture de Shackleton.
Références :
Faugère, Y., Roger, J., Delepoulle, A., Dibarboure, G., and Hebert, H.: The 19 May 2023 tsunami near the Loyalty Islands captured by the new SWOT satellite, EGU General Assembly 2024, Vienna, Austria, 14–19 Apr 2024, EGU24-15140, https://doi.org/10.5194/egusphere-egu24-15140, 2024.
Unsmoothed L3_LR_SSH: "The SWOT L3_LR_SSH product, derived from the L2 SWOT KaRIn low rate ocean data products (NASA/JPL and CNES), is produced and made freely available by AVISO and DUACS teams as part of the DESMOS Science Team project". AVISO/DUACS, 2024. SWOT Level-3 KaRIn Low Rate SSH Unsmoothed (v2.0.1) [Data set]. CNES. https://doi.org/10.24400/527896/A01-2024.003
Contact : Lucie Rolland (UniCA/Observatoire de la Côte d'Azur /CNRS/IRD/Géoazur)
Space4Ocean repose sur une idée simple : unir les forces du spatial et des sciences marines pour mieux comprendre et préserver les océans. L’Alliance s’appuie sur la science, en combinant données satellitaires, mesures sur le terrain et modèles numériques avancés, pour répondre aux grands défis des océans et des zones côtières.
Ce partenariat international s’inscrit pleinement dans les objectifs mondiaux de développement durable, notamment l’ODD 14 dédié à la vie aquatique, et sera officiellement lancé lors de la 3e Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3).
La Grande Coupole de l’Observatoire a été le théâtre d’échanges entre responsables politiques, scientifiques et personnalités engagées. La cérémonie a notamment réuni le ministre français chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recharche, Philippe Baptiste, la ministre monégasque des Affaires étrangères Isabelle Berro-Amadeï, Aarti Holla-Maini, directrice du Bureau des affaires spatiales de l’ONU, ainsi que le maire de Nice, Christian Estrosi.
Lors de la conférence « Voir l’océan d’en haut et d’en bas », Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence spatiale européenne, et Gaëlle Giesen, physicienne et plongeuse détentrice du record mondial de plongée en eaux profondes, ont partagé leurs visions complémentaires, incarnant l’esprit de Space4Ocean. Selma Cherchali, responsable du programme d’observation de la Terre au CNES, est ensuite intervenue pour détailler les ambitions concrètes de la coalition.
Pour sceller cette alliance, la déclaration Space4Ocean a été signée par les membres fondateurs — agences spatiales, organisations internationales et institutions scientifiques — réaffirmant ainsi leur engagement en faveur d’une coopération internationale renforcée.
La journée s’est conclue par les discours de clôture, notamment de Marianne Sivertsen Naess, ministre norvégienne des Pêches, et de Lionel Suchet, directeur général délégué du CNES, avant un cocktail et un moment convivial sur la terrasse panoramique de l’Observatoire, où tous ont admiré le coucher de soleil, symbole d’un nouvel horizon pour la protection des océans.
Une équipe internationale de scientifiques vient de détecter une exoplanète en orbite autour de l’étoile DS Leo, située à seulement 40 années-lumière du Soleil dans la constellation du Lion. Cette découverte, rendue possible grâce à des instruments de pointe tels que SPIRou (Canada-France-Hawai’i Telescope) et SOPHIE (Observatoire de Haute-Provence), révèle l’existence d’une planète nommée DS Leo b, d’une masse dix fois supérieure à celle de la Terre et en orbite en seulement six jours.
Le système de DS Leo, composé d’une étoile jeune et active — une naine rouge d’environ 500 millions d’années — intrigue particulièrement les chercheurs : au-delà de DS Leo b, deux autres planètes pourraient également être présentes, rendant le système compact et potentiellement en résonance orbitale. Leur existence devra être confirmée par de futures observations.
Parmi les scientifiques impliqués dans cette étude, Antoine Petit, chercheur au Laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur (Université Côte d'Azur, CNRS), a joué un rôle important dans l’analyse dynamique du système. Il a apporté des contraintes sur les caractéristiques orbitales des planètes candidates, en particulier sur leurs excentricités. Ces travaux suggèrent que, si le système s’avère effectivement multiple, les planètes évolueraient probablement sur des orbites quasi-circulaires, une configuration relativement stable et commune aux systèmes compacts.
« Apporter des contraintes dynamiques sur ces exoplanètes permet décrire plus précisément l'architecture du système qu'avec les observations seules. Si les planètes candidates sont confirmées, la configuration résonnante du système est particulièrement intéressante car elle nous renseigne directement sur l'histoire de la formation du système.», explique Antoine Petit.
La découverte de DS Leo b illustre les progrès récents dans la détection des exoplanètes autour d’étoiles actives, longtemps considérées comme difficiles à étudier. Grâce à l’observation dans l’infrarouge avec SPIRou, couplée aux mesures optiques de SOPHIE, les chercheurs surmontent les perturbations causées par l’activité magnétique de ces étoiles.Cette avancée démontre une fois de plus l’importance de l’approche interdisciplinaire, où l’observation, l’instrumentation de pointe et les analyses théoriques se complètent pour repousser les frontières de notre connaissance des mondes extrasolaires.
Grâce au projet exoALMA, les astronomes franchissent un cap dans l’observation des disques protoplanétaires, ces anneaux de gaz et de poussière où naissent les planètes. Coordonné par une équipe internationale incluant plusieurs chercheurs de l’Observatoire de la Côte d’Azur, ce « large programme » a permis de sonder avec une précision inédite quinze disques entourant de jeunes étoiles. En combinant des techniques d’imagerie de pointe développées pour l’observatoire ALMA au Chili, les scientifiques ont révélé des structures tridimensionnelles complexes et des indices directs sur la dynamique de formation planétaire.
Les résultats, publiés dans un numéro spécial de The Astrophysical Journal Letters, montrent notamment que de subtiles variations de pression au sein des disques organisent les grains de poussière en anneaux concentriques, favorisant la naissance des planètes. Les observations permettent aussi d’estimer la masse disponible pour leur formation, en analysant la rotation des disques. Autre avancée majeure : la possibilité de détecter indirectement des planètes en repérant les perturbations qu’elles provoquent dans leur environnement, tout comme les ondulations à la surface d’un étang qui trahissent le passage d’un poisson.
Porté par quarante chercheurs, dont une majorité en début de carrière, exoALMA a aussi produit des outils d’analyse innovants qui profiteront à la communauté scientifique bien au-delà du projet. Les chercheuses et chercheurs de l’Université Côte d’Azur, en particulier Myriam Benisty (co-PI), Jochen Stadler, Daniele Fasano et Andrew Winter ont joué un rôle central dans cette première série de publications, soutenue notamment par une subvention ERC. L’ensemble des données exoALMA est désormais disponible, annonçant déjà une nouvelle vague de découvertes.
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