Une équipe* de chercheurs du Laboratoire Lagrange, du Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique  et de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie a publiée un article, dans la revue Astronomy & Astrophysics, décrivant une modélisation bidimensionnelle réaliste d’Altaïr.

 

Visible dans la constellation de l’Aigle, à seulement 17 années lumières de la terre, Altaïre a une vitesse de rotation rapide, cent fois supérieure à celle du soleil. L’effet centrifuge ainsi produit est tel que son rayon polaire est 20 % inférieur à son rayon équatorial. Cet aplatissement  centrifuge rend plus difficile sa modélisation, car les modèles utilisés pour décrire les étoiles sont à symétrie sphérique.

Pour calculer ce modèle les scientifiques ont utilisé le code ESTER développé à l'IRAP, qui incorpore tous les effets d'une rotation rapide. " Les données des instruments interférométriques Pionier et Gravity du VLTI-ESO associées à des données spectroscopiques et sismologiques plus anciennes ont alors permis d'aboutir à un modèle de concordance qui satisfait toutes les contraintes observationnelles connues."

D’après ce modèle, Altaïr n’aurait que 100 millions d’années et sa masse est évaluée à 1,86 fois celle du soleil.

Ces résultats vont avoir des conséquences sur la connaissance de la formation des étoiles proches du soleil, ainsi qu’une meilleur compréhension des étoiles massives "réputées être les fabricantes des métaux de l’Univers."

Cette étude montre que l’utilisation d’une modélisation astrophysique réaliste pour interpréter des données interférométriques permet de contraindre plusieurs paramètres fondamentaux qui définissent la structure physique (par exemple la rotation interne et en surface montrés dans la figure) et l’évolution des étoiles en rotation rapide.

altair fig14Meridional cut of our best ESTER model . The colours represent the angular rotation rate. A&A
altair fig15Surface map of the rotation rate of our best ESTER model. The colour represents the rotation period (in hours). A&A

Des résultats semblables sur un grand nombre d’étoiles sont attendus d’ici 1-2 ans à partir des données de l’instrument interférométrique CHARA/SPICA, en développement au Laboratoire Lagrange.

Kévin Bouchaud va soutenir sa thèse (dirigée par A. Domiciano de Souza et D.R. Reese) le 5 mars 2020. Travail financé par l’ANR ESRR.

* K. Bouchaud (1,2), A. Domiciano de Souza (1), M. Rieutord (3,4), D. R. Reese (2) and P. Kervella (2)
1 Université Côte d’Azur, Observatoire de la Côte d’Azur, CNRS, Laboratoire Lagrange, Bd de l’Observatoire, CS 34229, 06304 Nice Cedex 4, France
e-mail: kevin.bouchaud@oca.eu
2 LESIA, Observatoire de Paris, Université PSL, CNRS, Sorbonne Université, Univ. Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, 5 Place Jules Janssen, 92195 Meudon, France
3 Université de Toulouse, UPS-OMP, IRAP, 31028 Toulouse, France
4 CNRS, IRAP, 14 Avenue Édouard Belin, 31400 Toulouse, France

Références

L’article d’Astronomy & Astrophysics  « A realistic two-dimensional model of Altair »
https://www.aanda.org/component/article?access=doi&doi=10.1051/0004-6361/201936830

L’article du CNRS INSU : http://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/enfin-un-modele-realiste-pour-altair-une-etoile-la-rotation-extreme