« Nous sommes tous des poussières d'étoiles », disait Carl Sagan en 1980. Nous avons encore beaucoup de mal à comprendre les mécanismes de formation de la poussière d'étoiles et les éléments qui composent l'Univers. Bételgeuse fait partie de ces étoiles productrices de poussière : une supergéante rouge. Elle a connu un évènement unique appelé le grand assombrissement correspondant à une baisse importante de sa brillance entre novembre 2019 et mars 2020.

Cet événement insolite était visible à l’œil nu et a surpris toute la communauté astronomique. Nous avons réussi pour la première fois à reconstruire à la fois une image de la surface de l'étoile et à mettre en évidence des nuages moléculaires dans son atmosphère. Les données obtenues avant et après l’événement du grand assombrissement à l'aide de l'instrument VLTI/MATISSE situé au Cerro Paranal dans le désert de l'Atacama au Chili, nous ont permis d'observer l'environnement de l'étoile comme jamais auparavant.

Les molécules détectées correspondent aux précurseurs de la formation de poussières et de briques fondamentales de la vie et permettent de :

  • montrer comment la poussière se forme autour de l'étoile
  • mettre en évidence un changement important de l'atmosphère de l'étoile entre les deux périodes.

Si un tel événement devait se reproduire, il serait intéressant de pouvoir l'observer avec GRAVITY+, une évolution de l'instrument GRAVITY dont l'optique adaptative GPAO est actuellement en test dans le laboratoire Lagrange (Observatoire de la Côte d’Azur-Université Côte d'Azur-CNRS) à Nice, ce qui nous permettrait de scanner différents éléments moléculaires afin de confirmer nos résultats sur la présence d’une distribution inhomogène de gaz autour de l'étoile et la présence de nouvelles poussières responsables de la baisse de luminosité de l'étoile dans le visible.

L'ESO (European Southern Observatory) met à l'honneur cette observation de Betelgeuse et la publie comme « Image de la semaine ».